Biographie – Albertin Leclerc

Albertin Leclerc

Albertin Leclerc

SD 8858, vétéran de la Guerre de Corée

La guerre de Corée s’est déclarée le 25 juin 1950, quand la Corée du Nord a envahi sa voisine, la Corée du Sud, après des années de tensions grandissantes. Cette agression a donné lieu à une guerre qui a duré plus de trois ans et qui a vite amené l’intervention des États-Unis et d’autres pays membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à l’appui de la Corée démocratique, le Sud, et l’entrée en guerre de la Chine du côté de la Corée communiste, le Nord.

L’armistice qui a mis fin au combat actif en Corée a été signé le 27 juillet 1953. Les sacrifices et les réalisations de nos soldats dans le secteur de la cote 355 constituent une page importante de l’histoire du Canada relative à la guerre de Corée. Pendant ce conflit, que certains sont venus à appeler « la guerre oubliée », les Canadiens ont perpétué la fière tradition nationale de service militaire au nom de la paix et de la liberté que notre pays a démontrée à maintes reprises au fil des ans dans le cadre de conflits et d’efforts de soutien de la paix.

Albertin Leclerc est né à Shawinigan le 16 juillet 1931. Il est le fils d’Hector Leclerc et de Louisa Lacombe. De cette union ils eurent, Grégoire, René-Paul, Réjean, Jean-Marcel, Réginald, Georgette, Cécile, Monique et Albertin.

 

Récit par M. Albertin Leclerc

J’ai fait mes études primaires et secondaires au Collège Christ-Roi et à l’Académie Pierre-Boucher au Cap-de-la-Madeleine.

En 1945, lorsque mes études furent terminées, j’ai commencé à travailler à la Carrière Lambert, propriété d’Alcide Lambert, près du Pont Drew, je gagnais 10 cents de l’heure.

J’ai quitté ce travail pour devenir manœuvre-plâtrier chez Don Guinlla, entreprise de plâtrier à Shawinigan, où les gages ont augmenté à 30 cents de l’heure. J’ai par la suite travaillé pour le briqueteur Loranger au Cap-de-la-Madeleine, et ce, au même salaire, soit 30 cents de l’heure.

Le 13 décembre 1950, je m’enrôle dans la Force régulière, à Montréal à l’édifice McGill. Je vais ensuite à la Base militaire de Valcartier afin de suivre mon entraînement de base (Basic Training). Je me suis classé 2e à la fin de ce cours. Le lieutenant-colonel Louis Frémont Trudeau m’a chaleureusement félicité. Je demeure avec le Bataillon de parachutistes. Je vais suivre l’entraînement relié à ma fonction avec les sergents Boudreau et Lemelin à Valcartier.

Au printemps 1951, je suis transféré à Seattle en vue de la préparation pour la Guerre qui fait rage en Corée. De Seattle, je quitte pour la Corée. Des militaires américains sont au port de Seattle, tout se passe en anglais, je dois donc être attentif. Comme nous sommes 8 militaires portant le même nom de famille, on me nomme par mon numéro matricule SD 8858 que le responsable crie en anglais.

Je monte abord du bateau Général Nelson Walker et nos lits sont dans la cale du bateau. La traversée a duré 21 jours et durant les 3 derniers jours, tous ont été malade dû au tangage et pour avoir bu de la liqueur. Nous n’avions pas le pied marin.

Un premier arrêt a lieu dans la Mer du Japon où les Américains débarquent et vont combattre. La traversée se continue jusque dans la Baie de Corée. Comme le bateau ne peut s’approcher du quai de Sinuiju, des péniches (landingcraft) viennent nous chercher pour mener au port. Je prends ensuite le train en direction de Huich’on, lieu de débarquement. De cet endroit, nous devons marcher à pied durant trois jours afin de rejoindre la ligne de feu située à Monggumpo. Les ingénieurs avaient mesuré pour nous la plus haute montagne afin de bombarder l’ennemi. Des trois bataillons que nous étions, il ne restait que 1500 hommes et la montagne avait baissé de 6 pieds dû aux bombardements. Comme repas, je mangeais des rations militaires, trois repas dans la même boite, on y retrouvait du Corn Beef, des grosses beans blanches et du kangourou.

Arrivés sur place, nous remplacions le 2e Bataillon du R22eR. J’appartenais à la Compagnie A du 1er Bataillon du R22eR. J’y ai rencontré Louis Barbeau, un gars de Grand-Mère.

Mon travail consistait à installer des lignes téléphoniques et remplacer les lignes téléphoniques brisées par les bombes. Je me suis blessé et on m’a transféré à la Compagnie B avant de reprendre les activités. Lors de la reprises de mes activités, je me suis retrouvé à suivre un tank, j’étais armé d’un LMG (Low Machine Gun) afin d’éliminer l’ennemi. Plus tard j’ai agi comme Scout, mes collègues avançaient en rampant au sol et je marchais debout en avant d’eux afin de servir d’éclaireur.

Je désirais tout essayer, je voulais tout faire durant cette guerre. Un de mes désirs était de servir à l’espionnage. Lors d’un tirage, mon nom est sorti et je me retrouve dans ce service. Nous faisons toujours face à des patrouilles chinoises. Lors d’une attaque je suis blessé à la jambe droite. C’est le caporal Pearse de la Nouvelle-Écosse qui m’aide à sortir du champ. Lors de cette attaque j’ai de plus perdu la vue et l’ouïe.

J’ai été transporté dans un hôpital de terre, c’est l’infirmière Guimond de Québec qui a assuré mon transfert de la Corée vers l’hôpital de Tokyo. Le transfert s’est effectué par train et avion.

Après avoir subi quelques opérations, je recouvre la vue et ma jambe droite se porte mieux. Je retourne donc sur la ligne de feu pour continuer les combats.

Durant les combats je suis blessé à nouveau, on doit m’amputer le pied droit et j’ai reçu un éclat d’obus en plein dos.

Je suis de retour au Canada à l’automne 1952. Le retour s’effectue en bateau à bord du Général WF Hase jusqu’à Seattle et delà en train jusqu’à Vancouver pour l’évaluation de mes blessures.

Je reviens chez-moi en décembre 1952 et  j’entre à l’emploi de l’usine Belgo. J’y ai travaillé durant 19 années.

En juillet 1953, lors de la signature de l’armistice, un journaliste de la Station de radio CHLN m’invite à parler du traité de Paix signé à Panmonjon. Je suis très honoré par cette attention.

En 1971, je vais suivre un cours de mécanicien d’entretien (millwright) à l’école des métiers au Cap-de-la-Madeleine. Je me consacre à ce métier jusqu’en 1986. Une opération au cœur m’oblige à laisser le travail. Je prends donc ma retraite à l’âge de 55 ans.

Aujourd’hui je vis des moments heureux en compagnie de ma conjointe Simone Veillette.

 

Médailles et décorations

Médaille volontaire de la Corée 1953

Médaille de la Corée 1953

Médaille des Nations Unies

 

Écrit par: Guy Arcand