Biographie – Albert Pellerin

Albert Pellerin

Albert Pellerin, vétéran 1939-1945

D 129 595

Royal Canadian Engineers

Albert Pellerin est né le 29 août 1921 à St-Boniface de Shawinigan. Il est le fils de Rosaire Pellerin et de Lydia Isabelle. De leur union, ils ont eu cinq enfants, Albert, Jeannette, Camille, Thérèse et Rita.

Je laisse le soin à Albert de nous raconter son cheminement au fil des années.

Récit d’Albert Pellerin

J’ai débuté mes études en 1927 à l’école du rang de St-Boniface et ensuite à l’école du village. En 1934, mes parents déménagèrent à Shawinigan et j’ai continué mes études au Collège Immaculée-Conception, CIC. Vers l’âge de 15 ans, comme j’étais l’aîné, mon père m’a demandé de quitter le collège et d’aller travailler afin d’aider financièrement la famille.

J’ai parcouru Shawinigan à la recherche d’emploi et en peu de temps j’ai déniché un travail à l’usine Wabasso sur la rue de la Station. Mon premier travail a consisté à transporter la ouate (weeze) dans un entrepôt. Comme je voulais avoir un salaire plus élevé, j’allais d’un emploi à l’autre qui chacun me procurait une augmentation de salaire. C’est ainsi que je suis passé aux presses non-motorisées, au déchargement des balles de coton en provenance du Brésil et de l’Égypte et enfin à l’expédition (shipping). J’ai été à l’emploi de cette usine durant plus de 5 ans soit de 1936 à 1941.

Au printemps 1941, je me suis enrôlé dans le Régiment de Joliette (Réserve), un régiment d’infanterie. J’y ai retrouvé Gérard Dufresne, Albert Ladrière, John Panzle, Léo Flageole et d’autres de Shawinigan. Nous allions pratiquer dans la cour de l’ancien Hôtel de Ville. Je me souviens qu’il y avait des bonhommes de paille sur lesquels nous chargions avec nos carabines à baionnette. Les armes étaient entreposées à l’intérieur de l’Hôtel de Ville. Nous avions aussi des exercices de marche militaire (drill). Les pratiques avaient lieu les soirs de la semaine et le jour je travaillais à l’usine.

Au début de juin, je suis allé, avec d’autres membres du régiment, à Farnham pour préparer un exercice (advance party). Nous allions alors au champ de tir et nous faisions de longues marches (road march).

En 1942, dans les journaux, il y avait beaucoup de propagande invitant les jeunes à s’enrôler. Moi, j’aimais la milice et le monde militaire. À la radio, on parlait de la Russie et de l’Allemagne. L’enrôlement des volontaires se faisait au sous-sol de l’ancien bureau de poste situé à l’angle de la 5e rue et de la rue de la Station, là même où la Compagnie C du Régiment de Joliette s’entraînait.

J’ai donc laissé le Régiment de Joliette et je me suis enrôlé volontairement pour l’Armée active le 26 février 1942 dans le Corps des Ingénieurs. Lors de l’enrôlement, devant le lieutenant-colonel présent, j’ai prêté serment. Une heureuse surprise m’attendait, le frère de mon père, mon oncle Cyprien s’est lui aussi enrôlé dans le Corps des Ingénieurs cette même journée, son matricule D 129 596. Il ne me restait que mon médical à passer, quelques médecins étaient présents dont entre autres le Dr. Kane de Shawinigan. Mon état de santé fut jugé excellent.

En mars 1942, suite à ces procédures, j’ai pris le train à la gare du CPR, rue de la Station, en direction de Longueuil et de là pour Joliette, pour y suivre mon entraînement qui dura deux mois.

L’entraînement de base terminé, je me dirige vers Petawawa où un autre entraînement m’attend. J’ai ensuite quitté Petawawa en direction en direction d’Halifax. À la mi-juin, plus de 4000 militaires embarque à bord de l’Empress of Japan  et nous nous dirigeons vers l’Écosse. Un nombre impressionnant de 32 bateaux composait la flotte. Parmi ces bateaux, notons un porte-avions, des destroyers et des Cruisers. La traversée à durée 7  jours et nous avons dû attendre deux jours avant de tous mettre le pied à terre. Nous sommes accostés près du port Greenock (Écosse). Comme le bateau ne pouvait approcher le quai, de petites embarcations sont venues nous chercher par petit groupe pour atteindre le port. Rendu à terre, je pris le train pour le camp militaire de Farnborough, un voyage de 24 heures. À bord de ce train, durant la nuit, les autorités avaient décrété le Black Out total afin de se protéger des avions Allemands qui sillonnaient le ciel de l’Angleterre. Les toiles des fenêtres étaient baissées, aucune lumière dans les wagons, sauf une faible lumière sous les sièges.

Le camp militaire de Farnborough était anglophone et composé d’anglais du Canada et d’Acadiens des Maritimes. J’ai alors reçu une lettre de mon oncle Cyprien m’informant qu’il était dans un bataillon d’ingénieurs. À cette nouvelle, j’ai demandé de rencontrer le sergent major régimentaire afin d’obtenir l’autorisation de transférer au 3e Bataillon. Ma demande fut acceptée. Je peux par contre dire que les anglophones de Farnborough ont  été d’une grande gentillesse avec moi. Un camion m’a transféré à la Cie C du 3e Bataillon. Dans ce camp nous couchions dans de grandes huttes de tôle.

Le travail ne manquait pas, j’ai participé à la construction de l’aéroport de Dunsfold,  situé dans le sud de l’Angleterre, dans le canton de Surrey. J’ai aussi travaillé à la construction d’une route de contournement à Leatherhead. À la fin de mai 1944, je suis allé vivre à Londres dans un camp réservé à des prisonniers Allemands. Ce fut un court séjour à cet endroit. En juin 1944, à Londres, j’embarque à bord du Will Rogers, nous empruntons la Tamise jusqu’à la Manche. Le bateau a longé les côtes, nous avons pu voir les falaises de Douvres, Wild Cliff of Dover. Comme le bateau ne pouvait aller plus loin, on nous a fait débarquer du bateau avec tout notre équipement, (Full Marching Order). Je dois passer par-dessus la rambarde et atteindre le filet de câbles situé sur la paroi extérieure du bateau. Une fois descendu, j’embarque dans une péniche, Landing Crafts qui nous mène à la plage. Arrivé à l’endroit désigné la porte s’ouvre et nous sortons, nous sommes sur la plage d’Arromanche en Normandie, à la fin de juin 1944. Ce débarquement ne fut pas le seul, il y en eut plus de 72 entre le 6 juin et le 25 août 1944. Ces débarquements étaient concentrés sur la ville de Caen. À cet endroit notre tâche consistait à déminer le terrain de l’aéroport à Carpiquet près de Bayeux. Nous avons eu l’aide de prisonniers Allemands cantonnés non loin de l’aéroport.

Je pouvais recevoir du courrier de ma famille à l’adresse suivante;

Sapper Albert Pellerin

D 129595

3rd  Battallion

Royal Canadian Engineer

21st Army Group

La mort était partout, pas seulement sur les plages, qu’on pense aux mines anti-personnelles, au bombardement d’avions, de canons et au tir de snipers. Le travail de sentinelle était ardu et dangereux, les hommes craignaient ce travail.

À la fin de l’hiver 1945, on sentait que la guerre tirait à sa fin. J’étais alors en Hollande. Nous avons construit un pont dans la ville de Arnheim et ça chuchotait que la fin de cette guerre approchait. Le 8 mai 1945, le commandant nous annonçait que la guerre était terminée et que l’ennemi avait capitulé.

J’ai donc quitté la Hollande à l’été 1945 en direction de Portsmouth en Angleterre. Puis, nous sommes allés à Aldershot un camp militaire au sud de l’Angleterre. À bord du Mauretania, j’ai quitté Southampton en direction d’Halifax, une traversée de 4 jours. Un train nous attendait pour nous conduire à la gare Windsor de Montréal. Nous sommes passés par la Vallée de la Matapédia et ENFIN Montréal.

Je suis arrivé à Shawinigan en décembre 1945 et après 30 jours de congé, soit le 17 janvier 1946, j’ai obtenu ma libération de l’Armée active.

Mon retour à la vie civile s’est bien passé et une offre d’emploi m’a été faite par l’usine C.I.L. de Shawinigan, j’ai accepté. Par contre  3 mois plus tard, je me retrouve à l’usine Canadian Resins où j’ai travaillé 26 ans (1945-1971). Étant trop jeune pour prendre ma retraite, j’ai eu l’opportunité d’être engagé par l’usine Dupont de Shawinigan. J’allais de trois mois en trois mois. J’ai quitté ce travail en juin 1972 et un entrepreneur en construction d’Ottawa m’offrit un emploi très bien rémunéré. Par la suite je me rapprochai de ma ville et j’entrai à l’emploi de l’usine de pâte et papier Consolidated Bathurst, division Belgo.

Le 23 mars 1946, au Cascade Inn, J’ai adhéré à la British Empire Service League et une nouvelle adhésion fut faite le 24 janvier 1967 sous la Légion royale canadienne, filiale 44 de Shawinigan.

En 1978, j’ai atteint l’âge admissible pour la pension des vétérans. Je suis alors entré au service du Corps des Commissionnaires au Centre des Données fiscales de Shawinigan-Sud, j’ai occupé ce travail jusqu’en 1994. Puis ce fut la retraite à 73 ans.

Le travail a occupé une grande partie de ma vie, mais j’ai su quand même conserver un équilibre entre la famille, le travail et le sport. J’ai été un grand adepte du ski de randonnée et j’ai cessé ce sport en 1970.

Je me suis marié à Thérèse Latulippe le 2 octobre 1948, de cette union nous avons eu 5 enfants, Paul, Michel, Nelson, Claude et Louis. Mon épouse est décédée le 13 novembre 1999. J’ai actuellement une petite-fille Lisa-Marie et deux petits-fils Bryan et Jason.

Je demeure actuellement à la Résidence Les Jardins du Campanile où je m’adonne régulièrement au jeu de pool.

Médailles et Décorations

Médaille Étoile de Guerre 1939-1945

Médaille Étoile France-Allemagne

Médaille du Roi George VI 39-45

Médaille du Service volontaire 39-45 avec agraphe

Médaille de la Victoire 1939-1945

 

Écrit le: 4 juillet 2014

Par: Guy Arcand